Sa pratique s'enracine dans une expérience fondatrice : celle des monastères de son enfance, où elle observait les corps des moines en prière fusionner avec l'architecture. Cette immersion dans l'espace sacré nourrit aujourd'hui sa compréhension de l'architecture comme corps vivant. Ses sculptures en portent la trace, devenant tour à tour membranes, cavités, ossatures.
Le rapport au corps dans son travail se manifeste dans un engagement physique total avec la matière. Elle travaille l'argile au sol, étirant des plaques d'une dizaine de kilos dans un processus qu'elle décrit comme une nécessité de "débrancher la tête". La terre devient le terrain d'une lutte où la forme émerge progressivement du chaos initial.
L'installation "NinTi" (2024) incarne particulièrement cette approche. Son titre, emprunté à une déesse sumérienne de la naissance, annonce une œuvre où la matière semble en perpétuelle gestation. La structure en bois devient support d'éléments en céramique qui évoquent des vertèbres ou des bourgeons, dans un dialogue entre contenant et contenu, entre structure et prolifération.
Dans la série des "Gargouilles" (2023), ses sculptures dépassent la simple référence architecturale pour devenir des présences où l'anatomique et le bâti s'interpénètrent. Leurs surfaces, travaillées comme des peaux ou des écorces, créent une continuité inattendue entre les règnes animales, végétales, et minérales.
Margot Anquez Bariseau renoue ainsi avec une conception de l'ornement comme manifestation de forces vitales. Ses "cocons premiers", comme elle les nomme, sont les témoins d'une métamorphose permanente où la forme émerge de la matière brute, évoquant les cycles perpétuels de transformation présents dans les mythologies archaïques.
Her practice is rooted in a formative experience: the monasteries of her childhood, where she observed the monks' bodies in prayer merging with the architecture. This immersion in sacred spaces now informs her understanding of architecture as a living body. Her sculptures bear the imprint of this perspective, alternately becoming membranes, cavities, and frameworks.
The relationship to the body in her work is expressed through an intense physical engagement with matter. She works with clay on the ground, stretching slabs weighing around ten kilos in a process she describes as a need to "switch off the mind." The clay becomes a battleground where form gradually emerges from initial chaos.
The installation NinTi (2024) particularly embodies this approach. Its title, borrowed from a Sumerian goddess of birth, signals a work where the material seems to be in perpetual gestation. The wooden structure serves as a support for ceramic elements that evoke vertebrae or buds, engaging in a dialogue between container and content, between structure and proliferation.
In the Gargoyles series (2023), her sculptures transcend simple architectural reference to become presences where the anatomical and the constructed interpenetrate. Their surfaces, worked to resemble skin or bark, create an unexpected continuity between the animal, vegetal, and mineral realms.
Margot Anquez Bariseau thus reconnects with a conception of ornament as a manifestation of vital forces. Her “primordial cocoons,” as she calls them, are witnesses to a perpetual metamorphosis where form emerges from raw material, evoking the eternal cycles of transformation found in archaic mythologies.
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